Saviez-vous que, depuis 1997, l’Organisation mondiale de la Santé reconnait l’obésité comme étant une maladie chronique? De son côté, Obésité Canada, définit cette maladie comme étant « l’accumulation d’un excès de graisse corporelle pouvant avoir un impact négatif sur la santé physique ou mentale, ainsi que sur la qualité de vie en général » (1).
Crédit photo: iStock / SolStock
Au Canada, l’obésité touche 1 enfant sur 7. L’enfance représente une période clé dans le développement des habitudes de vie et celles-ci exercent à leur tour une influence sur la variation de poids chez l’enfant et, plus tard, chez l’adulte (2).
Causes, conséquences et défis pour l'enfant
D’abord, l’obésité est une maladie complexe causée par plusieurs facteurs. D’une part, les facteurs socio-économiques et environnementaux exercent une influence majeure et sont parfois sous-estimés. Par exemple, il faut prendre en considération, les habitudes alimentaires des parents, leurs habiletés à cuisiner, l’accessibilité aux épiceries et la disponibilité des aliments souhaités à la maison. D’autre part, les facteurs individuels comme la sédentarité, l’alimentation, l’activité physique, le mode de vie, la génétique et les troubles hormonaux ont également un impact (2).
L’obésité des enfants peut engendrer plusieurs répercussions sur leur santé psychologique. En effet, les enfants peuvent éprouver une faible estime de soi, avoir une perception négative de leur corps et souffrir de dépression. Il est également démontré que les enfants présentant un surplus de poids sont davantage à risque d’être victime d’intimidation. Cette atteinte à la santé mentale peut nuire à la motivation des enfants et des adolescents à initier des changements afin d’améliorer leur qualité de vie et leur santé (2, 3).
Puis, ces enfants sont également plus à risque de développer divers problèmes de santé en vieillissant, dont l’hypertension artérielle, des maladies du cœur, le diabète de type 2, l’apnée du sommeil, des problèmes respiratoires et des problèmes d’articulations. En effet, les enfants en surpoids ou en situation d’obésité sont malheureusement susceptibles d’être dans la même situation à l’adolescence et à l’âge adulte (3, 4).
Qu'en est-il de la relation parents-enfant ?
Les parents exercent évidemment une influence majeure dans la vie de leur enfant. La composante génétique a été mentionnée précédemment, mais il s’agit d’un aspect sur lequel nous avons peu de contrôle. Cependant, tout ce qui a trait aux comportements alimentaires et aux saines habitudes de vie peut moduler le poids de l’enfant, d’où l’importance de montrer l’exemple dans la mesure du possible. On parle notamment du niveau d’activité physique, de la durée du sommeil et du temps passé devant un écran (5).
Quelques pistes de solutions
Afin de traiter l’obésité et diminuer sa prévalence, il est important de mettre en place des solutions à plusieurs niveaux. Il n’existe pas de solution universelle qui peut s’appliquer à toutes les situations pour traiter cette condition multifactorielle. Par contre, il a été démontré que les interventions touchant plusieurs aspects des habitudes de vie sont essentielles dans la prise en charge de l’obésité (6). Pour ce faire, les professionnels de la santé doivent être adéquatement outillés pour offrir un suivi individualisé de qualité. La participation, ainsi que l’éducation des parents dans cette démarche, est souhaitable, considérant leur rôle central dans la vie de leur enfant (7).
[…] il a été démontré que les interventions touchant plusieurs aspects des habitudes de vie sont essentielles dans la prise en charge de l’obésité.
Puis, les décideurs du gouvernement doivent aussi intervenir dans cette problématique. Que ce soit en favorisant l’accès à des aliments sains et à des activités sportives variées ou en instaurant des lois qui interdisent la promotion d’aliments peu nutritifs, cette contribution est essentielle. Ils peuvent aussi mettre en place, par exemple dans les écoles, des programmes visant à dénoncer l’intimidation et à initier les enfants aux notions de santé sans faire la promotion de l’idéal de minceur (7). Bref, un effort collectif est nécessaire pour mieux traiter et prévenir l’obésité chez les enfants.
Rédigé par :
Marie-Qian Dubois, auxiliaire de recherche, Marie Cyrenne-Dussault, étudiante au doctorat, Valérie Guay, professionnelle de recherche, Maryka Rancourt-Bouchard, professionnelle de recherche, et Jean-Philippe Drouin-Chartier, professeur adjoint à la Faculté de Pharmacie et chercheur, Centre Nutrition, santé et société (NUTRISS), Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF), Université Laval, Québec, Canada.
Références :
1. Obésité Canada. (2021) Quelles sont les causes de l’obésité? : Qu’est-ce que l’obésité? https://obesitycanada.ca/fr/quest-ce-que-lobesite/
2. Rao, D. P., Kropac, E., Do, M. T., Roberts, K. C., & Jayaraman, G. C. (2016). Childhood overweight and obesity trends in Canada. 36(9), 194–198. https://doi.org/10.24095/hpcdp.36.9.03
3. Youdim, A. (2023, May 25). Obésité. Édition Professionnelle Du Manuel MSD. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/troubles-nutritionnels/ob%C3%A9sit%C3%A9-et-syndrome-m%C3%A9tabolique/ob%C3%A9sit%C3%A9
4. Gouvernement du Canada. (2023). Obésité juvénile. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/obesite-juvenile/obesite-juvenile.html
5. Tu, A. W., Watts, A. W., & Masse, L. C. (2015). Parent-Adolescent Patterns of Physical Activity, Sedentary Behaviors and Sleep Among a Sample of Overweight and Obese Adolescents. Journal of physical activity & health, 12(11), 1469–1476. https://doi.org/10.1123/jpah.2014-0270
6. de Ferranti, S. D., Steinberger, J., Ameduri, R., Baker, A., Gooding, H., Kelly, A. S., Mietus- Snyder, M., Mitsnefes, M. M., Peterson, A. L., St-Pierre, J., Urbina, E. M., Zachariah, J. P., & Zaidi, A. N. (2019). Cardiovascular Risk Reduction in High-Risk Pediatric Patients: A Scientific Statement From the American Heart Association. Circulation, 139(13), e603–e634. https://doi.org/10.1161/CIR.0000000000000618
7. P Nieman et al. (2012). Les aspects psychosociaux de l’obésité chez les enfants et les adolescents, Paediatrics & Child Health, Volume 17(4), Pages 207–208, https://doi.org/10.1093/pch/17.4.207
Comments