Devant toute l’information sur la nutrition qui vous parvient, vous avez la tête qui tourne et ne savez pas départager le vrai du faux? Voici un bref tour d’horizon sur la question.
Nous sommes de plus en plus bombardés par une foule d’informations sur l’alimentation et la nutrition. Elles nous parviennent lors de nos passages à la librairie ou à l’épicerie, en écoutant les nouvelles, en faisant défiler les publications sur nos médias sociaux, en jasant « bouffe » avec nos collègues et nos proches ou en tentant de dénicher sur le Web une nouvelle recette à concocter.
Le sujet de l’alimentation toujours plus présent dans nos vies
L’offre alimentaire abondante, la publicité omniprésente, les allégations nutritionnelles sur les produits alimentaires (p.ex. cet aliment est réduit en sodium), les résultats de nouvelles recherches, l’avènement du marketing d’influence (p.ex. l’endossement d’une nouvelle boisson protéinée par une célébrité), la popularité grandissante des médias sociaux et l’usage généralisé des appareils mobiles ne sont que quelques facteurs qui contribuent à ce phénomène.
En retour, nous mangeons pour répondre à divers besoins corporels, cognitifs, sociaux, culturels et de santé. Cette réelle cacophonie alimentaire peut rendre plutôt complexe l’acte de manger et de faire des choix qui respectent nos valeurs et nos besoins.
De l’information nutritionnelle souvent trompeuse…
Parmi ce lot d’informations, certaines sont fiables et fondées sur un solide corps de recherche. À l’inverse, d’autres s’avèrent fausses, trompeuses ou simplement trop belles pour être vraies. Départager le vrai du faux lorsqu’exposé à nombre d’informations contradictoires peut être difficile, voire une source d’anxiété, pour un lecteur ou un consommateur non averti.
…Qui se retrouve souvent sur les médias sociaux
Tel que mentionné, les médias sociaux sont une source d’informations sur l’alimentation et la nutrition. Ils sont souvent pointés du doigt puisqu’ils représentent un bassin où se bousculent information fiable, mésinformation et désinformation (toutes deux de la fausse information, mais la seconde est faite expressément dans le but de tromper). La fausse information n’est pas sans conséquence puisqu’elle peut nuire à la santé physique et mentale.
Et la pandémie n’a pas arrangé les choses
La pandémie de COVID-19 a d’ailleurs été l’occasion d’observer un réel déferlement d’information, de sources et de fiabilités variables, sur les plateformes de médias sociaux. Facebook, Instagram, Twitter et autres ont été pris d’assaut par des discussions entourant notamment :
les liens entre la nutrition et la COVID-19;
les changements alimentaires survenus pendant le confinement;
la réduction de la disponibilité des aliments;
des recettes à essayer à la maison.
Êtes-vous aussi devenu maître dans l’art de fabriquer du pain maison?
Une étude sur Twitter qui en dit long
C’est d’ailleurs ce à quoi s’est intéressée une étude portant sur les tweets relatifs à la nutrition et la COVID-19 publiés par des diététistes, qui sont les spécialistes de la nutrition, et le public d’abonnés de Twitter. L’étude cherchait à comparer le comportement de publication de ces groupes en analysant leurs tweets sous divers angles, tels que les thèmes qu’ils abordent, l’engagement qu’ils ont reçu de la part de lecteurs, leur potentiel à influencer le comportement et la justesse de l’information qu’ils partagent. Plus particulièrement, afin d’en déterminer la justesse, le contenu des tweets a été comparé aux recommandations nutritionnelles en matière de COVID-19 provenant de sources fiables telles que le Gouvernement du Canada ou l’association des Diététistes du Canada.
Les diététistes publient de l’information plus fiable
Les résultats révèlent que les diététistes partagent généralement du contenu plus juste que le public sur Twitter. En effet, ce sont 92,5% des publications des professionnels qui s’avèrent fondées sur les preuves contre 65,5% de celles du public. Bien qu’une faible part des tweets des diététistes sont non fondés sur les preuves ou trompeurs, ces derniers représentent tout de même une source d’information fiable en nutrition, comparativement à un public non formé dans ce domaine. En outre, 59,4% et 74,0% des publications des diététistes et du public, respectivement, n’ont pas pu être évaluées pour leur justesse soit parce qu’elles :
·partageaient des recettes ou des aliments;
rapportaient des résultats d’études;
étaient formulées sous forme de questions;
constituaient une déclaration non scientifique ou une opinion.
Ces proportions sont non négligeables considérant que Twitter, comme d’autres médias sociaux, est utilisé comme moyen pour rechercher ou transmettre de l’information en santé. La plateforme ne s’avère donc possiblement pas une source appropriée de faits vérifiables et objectifs quant à la nutrition et la COVID-19.
[…] ce sont 92,5% des publications des professionnels qui s’avèrent fondées sur les preuves contre 65,5% de celles du public.
Rappel du rôle des diététistes
Dans ce contexte, il importe de souligner le rôle des diététistes comme source d’information juste sur la nutrition. Ces professionnels de la santé appuient leurs recommandations sur les données probantes et sont régis par un ordre professionnel visant à protéger le public. Bien que leur importance et leur valeur soient reconnues parmi les associations et les ordres professionnels de diététistes, elles ne le sont pas forcément complètement auprès de la population. En effet, les propos et témoignages trompeurs, non fondés, peu nuancés et remplis de promesses de certains membres de la communauté sociomédiatique peuvent parfois sembler plus faciles ou tentants à croire. Néanmoins, ils peuvent mener au suivi de pratiques inappropriées, inefficaces ou tout simplement dangereuses pour la santé.
[…] les propos et témoignages trompeurs, non fondés, peu nuancés et remplis de promesses de certains membres de la communauté sociomédiatique peuvent parfois sembler plus faciles ou tentants à croire.
L’importance de suivre des sources fiables
En tant qu’utilisateur des médias sociaux, consommateur et mangeur, il est possible et dans votre meilleur intérêt de prioriser du contenu fiable et fondé sur les preuves :
Suivez des comptes de sources reconnues telles que les Diététistes du Canada, Unlock Food et Santé Canada.
Favorisez le contenu en nutrition produit par des diététistes ou des diététistes-nutritionnistes.
Recherchez les initiales Dt.P., RD et RDN pour les reconnaître.
Méfiez-vous des solutions miracles qui garantissent des résultats sur une courte période.
Demandez-vous si on essaie de vous vendre un produit ou des suppléments plutôt qu’encourager la consommation d’aliments variés.
Soyez vigilants devant les témoignages personnels.
Vérifiez si des références sont fournies à l’appui et la date de publication de celles-ci.
Surtout, rappelez-vous que les courtes publications sur les médias sociaux ne permettent pas de transmettre des informations nuancées et complètes.
Également, ces plateformes ne représentent pas le milieu approprié pour fournir ou recevoir des conseils adaptés en nutrition. La lecture de quelques publications sur un sujet donné en nutrition n’équivaut pas une rencontre avec une ou un diététiste-nutritionniste. Ce ne sont que quelques trucs pour demeurer plus à l’affût de la fausse information. Cette liste n'est pas complète, mais peut certainement aider à développer son regard critique quant à l’information retrouvée sur les médias sociaux.
Rédigé par Esther Charbonneau, Dt.P. M.Sc.(c), Centre NUTRISS, INAF, Université Laval
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