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Que pensent les personnes âgées des aliments protéinés d’origine végétale ?


Santé Canada encourage la consommation d’aliments protéinés d’origine végétale dans la plus récente version du Guide alimentaire, publié en 2019. Malgré le grand engouement pour ces aliments, ils restent méconnus et peu consommés par la population canadienne, incluant les personnes âgées. Pourtant, ce groupe d’âge pourrait grandement bénéficier de l’intégration de ces aliments à ses habitudes.



Qu’entendons-nous par aliments protéinés d’origine végétale ?

Les légumes, les fruits et les produits céréaliers sont souvent considérés, à tort, comme des aliments protéinés d’origine végétale (APOV). Certes, ces aliments sont d’origine végétale et contiennent une certaine quantité de protéines, mais ils ne sont pas considérés comme des sources de protéines de qualité à proprement parler. Les APOV regroupent plutôt la famille des légumineuses (haricots noirs, rouges, lentilles, pois chiches, etc.), les produits du soya (tofu, tempeh, édamames) et les noix et graines (graines de lin, de chia, de tournesol, amandes, etc.). En jetant un coup d’œil au Guide alimentaire canadien, nous pouvons facilement constater que les légumes, les fruits et les produits céréaliers constituent des groupes distincts, alors que les APOV sont intégrés dans le groupe des aliments protéinés (1).


Source: Santé Canada. Le Guide alimentaire. 2019.



Pourquoi augmenter sa consommation d’aliments protéinés d’origine végétale ? Plusieurs avantages sont associés à la consommation d’APOV. Ils sont des sources de plusieurs nutriments essentiels, dont les fibres et les bons gras, ont des effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire et cognitive et améliorent la qualité de l’alimentation (2-5). Ils peuvent également aider à réduire la facture d’épicerie, car leur coût est moindre comparativement à celui de la viande dont le prix ne cesse d’augmenter avec l’inflation (6). Les avantages environnementaux ne sont pas non plus à négliger, car la production d’APOV nécessite moins de ressources (eau, superficie des terres utilisées) et pollue moins (CO2, méthane) que la production de protéines animales (7).



Y a-t-il des risques pour les personnes âgées à intégrer des aliments protéinés d’origine végétale ?

Les protéines sont composées d’acides aminés, dont certains sont essentiels au corps, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent être synthétisés, ou fabriqués, par l’organisme. Les protéines provenant des végétaux (légumes, produits céréaliers, légumineuses, etc.) sont considérées comme incomplètes, car elles ne contiennent pas tous les acides aminés essentiels, contrairement aux protéines de source animale. Combiner diverses sources de protéines végétales (p.ex. produits céréaliers + légumineuses) permet toutefois de contrer cette problématique, car l’acide aminé manquant varie d’un aliment à l’autre. Varier les sources d’APOV permet également de combler plus facilement ses besoins en divers nutriments essentiels, dont les protéines. Bref, la variété, c’est la clé !



Alors, que pensent les personnes âgées des aliments protéinés d’origine végétale?

Pour répondre à cette question, nous avons réalisé une étude qualitative où 60 personnes âgées de 65 ans et plus étaient invitées à participer à une entrevue individuelle virtuelle. Les questions se basaient sur la Théorie du comportement planifié qui permet de comprendre les facteurs influençant l'adoption d’un comportement par l’identification des conséquences perçues (avantages et désavantages), des personnes approuvant ou désapprouvant le comportement (pression sociale) et des facteurs pouvant nuire ou faciliter son adoption (facteurs facilitants et barrières). Les éléments identifiés comme plus importants peuvent être utilisés dans le développement d’interventions. Cette théorie est illustrée à la Figure 1 (voir ANNEXE). Les résultats de cette étude seront présentés dans les prochains paragraphes.



Avantages et désavantages perçus des aliments protéinés d’origine végétale

Les participants ont soulevé qu’un des avantages à consommer des APOV était la santé, principalement en ce qui a trait à la digestion perçue comme plus légère comparativement à la viande, au transit intestinal facilité, à la santé cardiovasculaire et à la composition nutritionnelle (fibres, bon gras). Plusieurs ont également souligné l’environnement, le coût, le bon goût, l’éthique animale et la simplicité à préparer des mets à base d’APOV comme avantages. À l’opposé, les gaz et ballonnements associés à la consommation de légumineuses et les nutriments manquants dans les APOV (protéines, fer, vitamine B12) étaient perçus comme des désavantages. Aussi, certains participants appréciaient peu le goût ou considéraient la préparation de mets contenant des APOV comme plus difficile comparativement à ceux à base de viande.



Accord et désaccord des autres

Globalement, ce sont les membres de la famille qui ont été les plus mentionnés comme personnes qui approuveraient ou désapprouveraient le comportement et principalement le partenaire de vie et les enfants/petits-enfants. Cependant, les participants ne semblaient pas accorder une grande importance à l’opinion des autres, sauf lorsque la désapprobation venait du partenaire (conjoint ou conjointe).



Facteurs facilitants et barrières à l’adoption des aliments protéinés d’origine végétale

Tout d’abord, les participants ont mentionné vouloir accroitre leurs connaissances sur la préparation des APOV (trucs culinaires, nouvelles recettes, etc.), et sur les produits en tant que tel (variété, bienfaits sur la santé, etc.). Plusieurs ont souligné qu’ils aimeraient qu’il y ait plus de publicités sur les APOV, une plus grande disponibilité et un meilleur placement des produits dans les rayons à l’épicerie. D’autres ont mentionné que de placer les produits en évidence dans leurs armoires de cuisine, de s’abonner à une infolettre portant sur les APOV et d’intégrer une journée sans viande par semaine dans leurs habitudes seraient des stratégies pour intégrer ces aliments. Bref, une meilleure visibilité des APOV dans le quotidien des personnes âgées pourrait les aider à introduire plus naturellement ces aliments dans leurs habitudes, car plusieurs souhaitaient le faire, mais n’y pensaient tout simplement pas. Finalement, le manque de motivation était une barrière perçue à l’intégration des APOV tout comme le manque de techniques culinaires pour apprêter ces aliments. D’autres ont mentionné que le fait d’avoir grandi avec une alimentation dans laquelle la consommation de viande était fréquente rendait l’introduction d’APOV difficile.


[…] une meilleure visibilité des APOV dans le quotidien des personnes âgées pourrait les aider à introduire plus naturellement ces aliments dans leurs habitudes, car plusieurs souhaitaient le faire, mais n’y pensaient tout simplement pas. Finalement, le manque de motivation était une barrière perçue à l’intégration des APOV tout comme le manque de techniques culinaires pour apprêter ces aliments.


Comment pourrions-nous aider les personnes âgées à intégrer des aliments protéinés d’origine végétale à leur alimentation ?

Pour faciliter l’intégration d’APOV dans l’alimentation des personnes âgées, une intervention culinaire pourrait être très bénéfique et permettrait de combler le manque de connaissances et de compétences pour apprêter ces aliments. Il serait également indispensable d’aborder la santé, en raison de la grande importance accordée à cet élément. Par exemple, certains désavantages perçus (p.ex. le manque de nutriments) pourraient être démystifiés et les avantages à consommer des APOV sur la santé et l’environnement pourraient être discutés et mis en valeur. Pour que l’habitude à consommer des APOV perdure, il serait intéressant d’encourager les personnes âgées à intégrer une journée hebdomadaire sans viande et d’envoyer des infolettres proposant des recettes simples et goûteuses à base d’APOV.



Curieux d'en apprendre davantage sur les APOV ? Voici quelques liens utiles :




Rédigé par :

Virginie Drolet-Labelle, Dt.P., candidate au doctorat en nutrition au Centre Nutrition, santé et société (NUTRISS), INAF, Université Laval


Références :

1. Santé Canada. Le Guide alimentaire. 2019. https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/

2. Aggarwal A, Drewnowski A. Plant- and animal-protein diets in relation to sociodemographic drivers, quality, and cost: findings from the Seattle Obesity Study. The American Journal of Clinical Nutrition 2019;110:451–60.

3. Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada. Les protéines. https://www.coeuretavc.ca/vivez-sainement/saine-alimentation/proteines

5. Yeh T-S, Yuan C, Ascherio A, Rosner BA, Blacker D, Willett WC. Long-term dietary protein intake and subjective cognitive decline in US men and women. The American Journal of Clinical Nutrition 2021;nqab236.

6. Statistique Canada. Indice des prix à la consommation, avril 2022. 2022: https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220518/dq220518a-fra.htm

7. Poore J, Nemecek T. Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers. Science 2018;360:987–92.



ANNEXE


Figure 1. Schéma de la Théorie du comportement planifié.


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